Elle a marché longtemps. Entre les arbres, entre les branches.
Avec ses dix-sept blessures qui lui faisaient mal, même si elles ne saignaient pas.
Elle a marché dans la neige, dans le froid, avec ses larmes pour seule compagnie.
Elle a marché sans voir où elle allait, mais ça n’avait pas d’importance.
Tout droit était le seul chemin valable.
Tout droit, sans s’arrêter.
Continuer jusqu’à ce que le soleil se lève enfin.
Continuer peut-être même après, jusqu’au soleil de midi.
Et peut-être même encore après, comment savoir ?
Comment savoir combien de temps il reste à marcher, quand on ne sait pas où on va, et à peine d’où l’on vient ?
Quand on ne sait pas ce que l’on cherche, et qu’on ne sait pas ce que l’on va trouver ?
Continuer, marcher, et voir où elle arrive…
Laisser les larmes se tarir, geler, et rejoindre les autres morceaux de glace de sa vie éclatée.
Continuer jusqu’à la cicatrisation de ses blessures, peut-être.
Ou jusqu’à la chaleur, jusqu’à l’été, jusqu’à la plage… si le chemin va jusque-là.
Elle a marché, et le soleil ne s’est pas levé.
Pourtant, assez de temps était passé, et même la lune avait tourné.
Elle a marché, et les larmes n’ont pas cessé de couler.
Pourtant, elle sentait qu’elle avait bien assez pleuré.
Au bout d’un moment, plus de forêt, et seulement l’horizon.
Et puis, plus de neige, mais l’herbe sous ses pieds.
Alors, les blessures ont dégelé. Elles se sont mises à saigner.
Alors, la douleur s’est réveillée. Et le corps ne voulait plus avancer.
Mais elle a marché encore, parce qu’elle savait qu’il fallait continuer.
Malgré le sang, malgré la douleur, malgré les larmes, malgré le soleil qui ne venait toujours pas, elle a marché.
Jusqu’à la plage, jusqu’à la mer, jusqu’à ce que le bruit des vagues éveille son esprit épuisé.
Alors, elle s’est déshabillée et s’est mise à nager.
Le sel sur sa peau a nettoyé les blessures.
Le sel sur sa peau s’est confondu avec les larmes.
Et la douleur n’était plus douleur, et la tristesse n’était plus tristesse.
Le soleil s’est enfin levé, pour la sécher et la dorloter.
Sur la plage, elle s’est allongée et s’est enfin endormie, d’un repos largement mérité.
Commentaires
Enregistrer un commentaire