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Affichage des articles du août, 2020
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Les yeux plongés dans le vague, il regarde le fond de café de la tasse vide. Que deviendrons-nous ? pense-t-il. Que deviendrai-je ? Encore aujourd’hui, il n’y a rien eu. Rien du tout.   Il attend, il patiente. Il fait croire à tout le monde que cette attente est l’occasion formidable de méditer sur la vie, l’avenir, s’arrêter pour mieux aller de l’avant. Mais qui croit-il tromper avec ses mots ? Bien sûr que non, ça ne va pas du tout. L’attente est la pire chose au monde, et au lieu d’avancer, il stagne, recule même.   Caroline passe sa tête à la porte, et sa voix d’une douceur exquise demande : -           Ça va ? Que répondre ? Lui mentir serait vain, il le sait, car elle devine tout. -           Pas terrible, en fait. Tu sais…   Elle ouvre la porte entièrement, et se trouve une place sur le canapé en désordre. Elle pousse un ou deux papier, bruit de froissement. Et s’assoit là comme pour dire Je suis prête à écouter . Il ne sait par où commencer…  
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  Tandis qu’août tire lentement sa révérence, le ciel de septembre est déjà installé… De toute façon, c’est déjà l’hiver dans ma tête. Je sens le givre sur les vitres de mon âme, et le vent froid qui souffle dans mon cœur.   Assise sous le porche, mon café chaud à la main, je me sens glisser du fauteuil comme si mes jambes ne me soutenaient plus. Ce soleil si chaud autrefois ne me réchauffe plus.   Je me sens divaguer, partir, loin dans mes souvenirs… Et il gèle, là-bas. D’un hiver infernal et éternel. Qu’ai-je à trouver que je ne chercherai pas ? Il n’y a rien là en bas, je le sais. Pourtant mon âme sans cesse y revient, et mon cœur semble parfois y être resté pour de bon.   J’ai les yeux ouverts, mais à la place de l’herbe jaunie par la chaleur, c’est de la neige que je vois. De la neige souillée de sang.   Goutte après goutte, là où mon âme s’est brisée, ce rouge coule et ne cessera jamais de couler.   Dans ma mémoire brisée en mille morceaux de gla
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  Du fond de ses nuits, elle attend que le soleil se lève. Du fond de sa prison, elle attend un sauveur.   Et au creux d’elle-même c’est   un puits dans lequel elle glisse inexorablement…   Elle ne sait que fermer les yeux sur son désespoir, ou pleurer. Le tissu plissé de sa robe noire se fait grand, et la recouvre comme un linceul précoce.   Quand son calvaire se terminera-t-il ? Elle ne sait pas. Elle attend, simplement…   Elle ne sait pas qu’elle n’est prisonnière que d’elle-même. Et que ces murs, d’une simple pensée elle pourrait les détruire.   Elle ne sait pas qu’elle est seule à pouvoir se libérer.   Car il ne s’agit pas d’une nuit ordinaire : elle n’est que création de son esprit. Les larmes de la culpabilité ne font que refermer sur elle les murs d’une prison imaginaire…   qui l’emmurera vivante   si elle ne fait rien.   Son cœur s’assèche car ses yeux ne veulent plus voir…   Il reste une lumière, pourtant. Il reste un espoir. La clé
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  Je ne suis déjà plus celle que j'étais. Je file comme de l'eau entre mes propres doigts. Je prends des photos mentales, polaroids des nus de mon âme. Je les aligne, je les superpose, je les puzzle. Pièce par pièce, minutieusement, je m'additionne. Et le tableau prend forme... Mais déjà obsolète et désuet, déjà passé et poussiéreux. Car mes couleurs changent, évoluent, de minute en minute. Et, d'une seconde sur l'autre, déjà plus la même, déjà autre que moi. Dans le silence complet, comme une plante, on m'entendrait pousser. Feuille après feuille, branche après branche, je grimpe… jusqu'au sommet de moi-même. Un jour, peut-être, je toucherai les nuages. Un jour, peut-être, jusque dans l'espace infini... Et alors, dans la somme de mes puzzles, enfin, je trouverai ma substance, ce qui fait que je suis moi.