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Affichage des articles du janvier, 2020

« Immonde »

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Je connais un lieu où aucun humain n’oserait s’égarer. C’est un coin perdu dans une forêt sombre qui cache de nombreux mystères, et que je connais à force de me perdre dans l’âme humaine. C’est un endroit qui s’appelle La Décharge des Sentiments… Ici résident les sentiments de haine les plus purs et les plus sauvages que personne n’a jamais exprimé. Et pour cause : il y a bien trop de honte à admettre certaines choses, soit devant les autres, soit devant soi-même… Pour ainsi dire, cette décharge a l’odeur du dégoût. Une odeur âcre, qui reste en narine et en bouche, qui semble même parfois s’imprégner dans vos vêtements, ou s’installer quelque part à l’intérieur de vous. Quelque chose dont on ne se sépare pas facilement. J’y vais trop souvent m’y promener sans doute, et ni les mots ni les odeurs n’ont plus aucun effet sur moi. Qu’est-ce que je cherche là-bas, me direz-vous… Ce lieu   me fascine, en fait. Pour connaître l’âme humaine, et pour l’aimer

« Trahison »

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Les poings serrés au fond de ses poches, Gaspard réfléchit. Il regarde le quai sans le voir, regarde la Seine, les yeux plongés au fond de l’eau. Tout au fond, comme scrutant à la recherche de quelque chose. Il n’arrive pas à y croire. Son téléphone vibre au fond de sa poche. Encore un message. Il n’a pas envie de le lire. Que le téléphone aille rejoindre l’eau polluée et les poissons, qu’il se perde dans la vase, même. Il s’en fout. De là où il se trouve, il peut voir la tour Eiffel, profiter du paysage typiquement parisien, mais ça aussi il s’en fout. Parce que tout ‘n’est plus désormais que foutaises, mensonges, fourberie. Tout est devenu gris, d’un gris terne absolu et mortel. Gaspard, d’ailleurs, se sent mort. Il a senti, quelque part à l’intérieur, comme une sorte de craquement. Le fracas du cœur qui se brise… C’est bizarre comme on reconnaît ces choses-là, même quand on ne les a pas vécues. Cette compréhension… Alors c’était vrai, ce

« Immuable »

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Pour moi, cette statue est là depuis toujours. C’est-à-dire au moins depuis ma naissance, en tout cas. Mais je sais que mes parents, mes grands-parents, et même les grands-parents de mes grands-parents, l’ont connue aussi… Alors, je ne sais pas depuis quand elle existe. Je ne sais pas qui l’a mise là, je ne sais pas qui l’a sculptée. Tout ce que je sais, c’est qu’il a fait un travail formidable. Elle est là, grande et majestueuse, et elle nous observe, avec ce regard bienveillant et protecteur. Quand j’étais petit et que je devais attendre mon père qui travaillait sur le marché, je m’asseyais comme elle, en tailleur, et je la fixais avec toute ma concentration. Cela faisait sourire les clients de mon père, et cela en amena un grand nombre d’ailleurs… Ils disaient « Et alors ce petit bouddhiste, à quoi réfléchit-il aujourd’hui ? ». Ma mère venait me chercher quand elle avait terminé son travail, mais je ne voulais par repartir avec elle. Je voulais rester avec la

« Les jardins »

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J’habite une maison formidable et magique. Elle est entourée par quatre jardins, mais chacun d’entre eux est particulier. Avant d’entrer, par exemple, vous pénétrez dans le jardin de printemps, où se trouvent les roses, les cerisiers en fleurs, les primevères, les pâquerettes, et diverses autres fleurs sauvages… J’avoue que je ne connais pas le nom de toutes les plantes qui vivent ici. Vous pouvez vous perdre un peu en prenant le chemin de droite ou celui de gauche, aucune importance : tous deux vous mèneront à la porte d’entrée. A gauche, vous aurez le choix entre trois autres chemins, virevoltants de virage en virage, pour se rejoindre finalement devant la porte. A droite, vous devrez résoudre un labyrinthe pour arriver jusqu’à la maison. C’est mon chemin préféré : on se perd, on s’attarde, on écoute les oiseaux, on pose le nez sur une fleur, puis une autre, on se laisse emporter par le tourbillon de la vie naissant... Une fois à l’intérieur de la maison, vous