« Chez Germaine »
Germaine
habite presque en face de chez nous. Disons, à vol d’oiseaux…
Mais pour
y aller, il faut descendre la route, celle qui se trouve devant nos fenêtres.
Cette
route ne file pas tout droit, elle est un peu en zigzag, mais en fin de compte
la maison de Germaine est droit devant (enfin, si on était des oiseaux).
De
chaque côté, des champs pour les vaches.
C’est
une promenade sympathique à l’aller, je cueille des fleurs, je flâne, je
virevolte… C’est facile : ça descend.
La
maison de Germaine se trouve donc là, en bas, dans un virage.
En fait,
c’est un corps de ferme.
Quand
vous arrivez, vous passez par la cour, où les poules vivent en liberté.
Il y a
le tracteur qui est garé, dehors ou dans le hangar, cela dépend de la saison.
L’entrée
de la maison donne directement sur une pièce qui fait office à la fois de
cuisine et de salon.
C’est
petit, mais confortable et chaleureux.
Un chat
est installé dans un des fauteuils, sur une couverture moelleuse. Il dort. Je
l’envie.
On
s’assoit côté cuisine, sur les chaises en formica.
La
table est protégée par une toile cirée.
Germaine
me demande si je veux de la limonade. Je réponds toujours oui. J’adore sa
limonade.
Elle me
sert dans un de verre à moutarde pour enfant, avec des dessins dessus.
Je
déguste ma limonade et je laisse les adultes à leur discussion.
Les
dernières nouvelles du village.
Et puis
« Elle a encore grandi la petite. Qu’est-ce que ça grandit ! »
(La petite, c’est moi.)
« Eh
oui, le temps passe vite… »
Le
temps qu’il fait.
Le gros
orage d’hier. Il a beaucoup plu. L’état des champs après la pluie…
Là,
j’écoute avec attention : je me remémore l’orage, je revois les éclairs
zébrer le ciel, les nuages gris foncés, le bruit de la pluie qui bat sur le
velux de ma chambre.
J’adore
les orages ici.
« J’ai
une bonne douzaine d’œufs pour vous, et même un poulet si vous voulez. »
« Ce
poulet est énorme, on en a au moins pour trois jours ! »
« Ah,
ça ! C’est les poulets d’ici, ils sont beaux. »
‘ »Combien je te dois ? »
« Mais
laisses, penses-tu ! Tu ne me dois rien. »
La
discussion se termine, mon verre est vide, il est temps de se dire au-revoir.
Les
adultes ont du mal à se quitter, la discussion se relance plusieurs fois sur
d’autres sujets, et puis finalement, on se dit au-revoir pour de vrai.
« Merci
encore pour les œufs, et le poulet. »
Maintenant,
pour rentrer, il faut remonter la côte…
Ce
n’est pas mon moment préféré de cette promenade, pas du tout, car cette côte
est vraiment difficile.
Je ne
virevolte plus, mes fleurs ont fané, je fatigue et reste à la traîne.
Mais je
suis contente, parce que j’ai passé un bon moment.
Là,
dans cette pièce, à regarder les bulles de ma limonade et les dessins sur le
verre, entourée par la voix des adultes, et surtout celle chaleureuse de
Germaine.
Une voix
de grand-mère, pleine d’histoire et de vie, toujours pleine de bonne humeur, toujours
heureuse de nous accueillir.
Sa voix
qui berce presque, et que j’adore entendre.
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