La tasse

C’était un après-midi idéal. Le soleil dominait dans un ciel sans nuage.

Pablo fumait son cigare en observant le ciel.

Toutes les tâches de la ferme étant accomplies, il pouvait s’offrir deux bonnes heures de sieste avant de reprendre le travail.

Son fauteuil se balançait d’avant en arrière, une légère brise soulevait son chapeau. Tout était calme, et il commença à fermer les yeux.

Une ombre le força à les rouvrir. Un homme, debout au-dessus de lui, lui masquait le soleil.

S’il y avait bien une chose que Pablo n’aimait pas, c’était qu’on lui fasse de l’ombre.

-    Salut, dit l’homme. J’espère que je ne te réveille pas.

-    J’allais m’endormir, répondit Pablo. Qu’est-ce que tu fous là ? On ne t’a pas vu depuis… Enfin, je te croyais mort.

-    Eh non, fréro, je suis en vie. J’étais juste parti me promener un peu. Et puis, tu me manquais, alors je suis revenu…

-    Baliverne ! T’es pas du genre sentimental et je le sais. Pourquoi t’es là ?

Pablo se leva, il n’aimait pas faire la conversation assis avec un homme debout.

Son frère posa un gros sac à ses pieds et regarda en direction de la ferme.

-    Je suis venu récupérer un truc qui m’appartient. Ma tasse…

-    La tasse ? Rien d’autre ? T’as fait tout ce chemin pour une foutue tasse ?

-    Je voyage pas mal et le thé n’a jamais eu bon goût que dans cette tasse. C’est maman qui me l’avait offerte, j’y tiens beaucoup. Tu l’as encore ?

-    Bon dieu ! T’as vraiment fait tout ce chemin pour une tasse ! T’es plus sentimental que ce que je croyais… Suis-moi, allons voir dans la cuisine. J’y mets pas souvent les pieds, c’est pas moi qui prépare les tambouilles. Ta tasse doit toujours y être, posée sur son étagère à l’endroit habituel. Tu vas quand même rester manger non ? Une tasse et un repas chaud ? Pourquoi pas la nuit complète dans un lit douillet, si tu veux ?

-    T’es un bon frère, Pablo. Le meilleur de tous. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi.

Les deux hommes marchèrent jusqu'à la ferme. Pablo était content de revoir son frère, même s'il n'était pas venu spécialement pour lui, même s'il repartait le lendemain. C'est toujours agréable un peu de compagnie par ici.