Marco


Amélia avait chargé Marco d’aller poster les cadeaux pour ses neveux, étant donné qu’ils ne les verraient pas cette année.

La grossesse arrivait à terme et la fatiguait beaucoup. Marco s’occupait de tout en attendant l’arrivée du bébé, ce qui lui donnait l’impression d’être déjà dans son rôle de père. Il aimait se sentir utile.

A la poste, Marco choisit une queue au hasard et sortit son téléphone pour jouer en attendant qu’arrive son tour. Le brouhaha autour de lui le déconcentrait de temps à autre et l’empêchait de réfléchir à ses casse-têtes.

Une voix le fit s’arrêter de jouer. C’était une voix qui lui paraissait familière. Il rangea son téléphone et chercha dans la foule à qui elle appartenait.

Soudain, il la vit. Elle avait fini et se dirigeait vers la porte.

Il avait le choix entre faire semblant de ne pas l’avoir vue, ou tendre le bras pour attirer son attention. Il tendit le bras…

-    Maman ?

La dame leva la tête vers lui et écarquilla les yeux. Elle semblait ne pas le reconnaître. Cela faisait, quoi ? Vingt-deux ans ?

Puis, une lueur dans ses yeux :

-    Marco ! Mon bébé ! Qu’est-ce que tu fais là ?

-    J’ai des paquets à poster pour les neveux d’Amélia

-    Amélia ?

-    Ma femme.

-    Tu es marié ? Mon petit s’est enfin trouvé une jolie petite femme !

Marco commençait à être un peu gêné de la tournure que prenait la discussion en public.

Mais c’était de sa faute. C’était lui après tout, qui avait fui.

Son père buvait de plus en plus et était de plus en plus nerveux et colérique. Marco était parti le jour où il l’avait vu battre sa mère…

-    Maman, viens, on sort d’ici, on va prendre un café, d’accord ?

-    Oui, excuse-moi, je sais que je parle fort, c’est gênant. Mais ça fait tellement plaisir de te voir !

Marco et sa mère sortirent de la poste et se dirigèrent vers un petit café situé au coin de la rue. Les colis attendraient.

En chemin, Marco posa la question qui lui brûlait les lèvres :

-    Et papa ?

-    Ton père est… Il est mort. L’alcool, tu sais… Ca fait quinze ans maintenant…

-    Je suis désolé d’être parti maman… Je…

-    Ce n’est pas grave, chéri. Evidemment je me suis inquiétée souvent, mais c’était sûrement mieux pour toi. Je suis contente de te revoir. Nous allons entrer dans ce café et rattraper le temps perdu, d’accord ?

-    Oui, maman !

Marco et sa mère discutèrent pendant des heures, les tasses de café se succédant aux tasses de thé, puis aux biscuits pour le goûter.

Au bout d’un moment, Marco décida qu’ils ne pouvaient plus rester là et lui demanda si elle souhaitait rencontrer Amélia.

-    Et tes paquets ? Demanda sa mère.

-    Plus tard. Amélia comprendra, ne t’inquiète pas.

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