Mathias
Sophie était dans mon viseur.
J’observais ses moindres faits et gestes. Je riais à ses blagues, je la regardais avec mon regard intense d’homme attendri, amoureux peut-être…
Je gardais une part de mystère afin qu’elle s’intéresse à moi, qu’elle se questionne, qu’elle ait envie d’en savoir plus.
Au bout d’un moment, cette idiote a cru que je m’intéressais à elle, que j’étais amoureux en secret, que je n’osais pas m’approcher et lui dire…
Elle était dans mes filets, en somme.
Elle était sous mon charme et j’ai attendu patiemment qu’elle se déclare à moi.
Ça a été long, mais ça en valait la peine. Rien n’est meilleur que d’attendre, dans ces situations.
Un jour, alors que je m’étais écarté du groupe, faisant mine d’avoir besoin de solitude, elle est enfin venue vers moi.
Elle n’était pas à l’aise, elle avait peur de se lancer.
J’ai fait semblant de ne pas comprendre ce qu’elle voulait, histoire qu’elle bafouille encore plus, qu’elle se sente minable.
Finalement elle a sorti les mots, les mots magiques, les mots tant attendus : « Mathias, je t’aime ».
Là, j’ai eu un regard vide et vague.
J’ai fait exprès de prendre mon temps, de la laisser prendre la mesure de ses paroles, du ridicule de la situation. J’ai fait durer le plaisir, ce qui à ses yeux me rendait d’autant plus mystérieux, d’autant plus timide.
Elle a cru que je n’osais pas répondre, que je n’osais pas dire « moi aussi, Sophie », que c’était dur pour moi d’avouer de tels sentiments.
J’ai fait mine de chercher mes mots, de ne pas savoir par où commencer, puis c’est finalement sorti : « Mais moi, je ne t’aime pas, je ne t’ai jamais aimée, Sophie. »
Elle m’a regardé, ne sachant pas si j’étais sérieux ou non. Elle m’a bien regardé. Et elle a compris que c’était vrai.
Après quoi, je lui ai ri au nez, je lui ai dit qu’elle avait été stupide de croire un seul instant que j’avais pu m’intéresser à elle.
Je l’ai regardée pleurer et s’effondrer. J’ai regardé son cœur se briser en milles morceaux.
Tout ces mois d’attente pour saisir ces quelques secondes au vol, sa souffrance, et mon bonheur de la voir ainsi rabaissée.
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