Thomas,
Je te raconte cette histoire, parce que tu es la seule personne qui ne me jugera pas…
Je deviens fou à force de penser à tout ça…
Tu te souviens de cette fille au lycée, Jessica ? Celle qu’on appelait la pimbêche.
Je l’ai revue, il y a de ça deux ans…
J’étais à une fête, et elle y était aussi.
Mais elle ne se souvenait pas de moi. Elle ne se souvenait pas du minable qui avait voulu sortir avec elle, qui lui écrivait des poèmes, qui lui avait même acheté un bouquet pour la Saint-Valentin. Elle était toujours aussi… Pimbêche.
L’alcool coulait à flots ce soir-là, mais je devais conduire alors j’ai fini la soirée à l’eau.
Jessica, elle, a continué de boire. J’ai proposé de la raccompagner.
Elle était saoule, elle tenait à peine debout, je suis monté avec elle jusqu’à son appartement.
Et là, je ne sais pas. Il s’est passé un truc.
Je ne saurais pas dire si c’était elle ou si c’était moi… Mais puisqu’elle avait bu et que j’étais sobre, c’est de ma faute, c’est moi qui aie fait ça…
Ensuite je suis parti sans me retourner.
Je savais que j’avais fait une connerie. En tout cas, j’imagine que je le savais. Mais je ne pensais pas que… J’étais idiot.
Six mois plus tard, nous nous croisions à une autre fête.
Elle était enceinte. Et dépressive. Elle ne savait pas qui était le père, elle s’était rendu compte tardivement de la grossesse, elle n’avait aucun souvenir de cette nuit-là, elle était paniquée et paranoïaque.
Elle n’était plus pimbêche du tout. Elle fumait comme un pompier et buvait encore plus qu’avant. Elle se foutait du bébé.
Et moi… C’était trop tard pour m’excuser. Trop tard pour tout. Je suis parti de la fête, et je ne suis plus jamais revenu dans cet appartement.
L’autre jour, j’ai croisé le pote chez qui avait eu lieu ces soirées.
Le nom de Jessica est arrivé par hasard dans la conversation…
Le bébé n’est pas arrivé à terme. Après ça, Jessica a eu une longue descente aux enfers… Elle est décédée d’une overdose il y a quelques semaines.
Et moi j’étais là, j’écoutais mon pote qui me disait tout ça, et je savais que c’était ma faute, tu comprends ? Mais j’ai rien pu dire.
Et même là maintenant, je ne sais pas comment je me sens. Je me sens comme un de ces sales types sur lesquels on a craché toute notre vie. Je suis un dégueulasse, un minable, je suis pas bien différent des autres…
Il faut que je. Je dois réfléchir à tout ça.
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