-

 

Le foutoir de la vie ne te laisse pas toujours le temps de respirer.

 

Inspiration, expiration… Et parfois, la gorge serrée jusqu’à l’étouffement, tu restes envahi par la peur de crever.

 

Tout ça parce que tu te lèves le matin sans vraiment savoir où tu vas.

Parce que les projets s’entassent, les vacances s’éloignent, et tu perds de vue ce qui était essentiel.

 

Tu te réveilles la nuit comme pris dans un étau, tu te réveilles comme un noyé qui sort de l’eau… Et qu’est-ce que tu fous là ?

Tout semble s’éterniser, tu as le tournis.

 

Ta propre vie te foutrait la gerbe si tu la voyais passer en film… Mais au final, c’est exactement ce qu’il se passe : t’es juste en train de regarder un putain de film. Le plus nul de tous.

Mais c’est le tien…

 

Et tu prends conscience d’être le plus mauvais scénariste de tous les temps, le plus mauvais réalisateur, et même le plus mauvais costumier.

 

Qu’est-ce que tu fous là, déjà ?

 

Il te faudrait revenir en arrière, loin, loin en arrière, pour comprendre ce qui a tout fait foiré.

 

Il faudrait retrouver le petit bonhomme souriant qui courait joyeusement.

Lui, au moins, n’avait peur de rien.

Lui, au moins, il avait des rêves.

 

Tu regardes la photo de temps en temps, cette photo de lui sur la balançoire, un jour de grand soleil. Il riait aux éclats… Tu regardes le petit bonhomme et tu voudrais lui dire que t’es désolé.

J’ai tout échoué, p’tit gars, tous les rêves que tu avais fait pour moi, tout ce que tu voulais pour toi.

 

J’ai tout fait foiré et il n’y a plus rien d’autre que les murs gris de ce petit appartement, le carrelage sale et la cafetière qui fuit.

 

Y a plus rien d’autre que mes vieux draps troués, mon boulot minable et les pizzas du samedi soir, seul devant la télé…

 

Ça fait un moment que t’es descendu de la balançoire et que t’as pas ri aux éclats.

 

Ça fait un moment aussi que t’as pas regardé le soleil en te disant « C’est ça la vie » avec le sourire intérieur de l’âme… Et le secret d’avoir trouvé exactement c’est quoi la vie.

 

Tu ne fais rien parce que tu penses qu’il est déjà trop tard.

Tu ne fais rien parce que tu te sens déjà vieux, trop vieux pour y croire encore…

 

Mais peut-être que… Peut-être que non, après tout…

 

Assez pleurer pour aujourd’hui, assez rêvé pour aujourd’hui… Demain est un autre jour, et il faut se lever tôt… Travailler pour gagner sa vie à la perdre, parce que c’est tout ce qui te reste.

 

Un autre jour, tout sera possible, peut-être, mais pas aujourd’hui.

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

-
  Réveil après la fête. Peu dormi. Mal de tête. Aucun souvenir de la soirée. Beaucoup bu, peut-être. Et beaucoup trop fumé. Vêtements sales, et restes de vomi. Pas le mien, mais alors, celui de qui ?   On a dansé, on s’est amusé. On a profité. Maintenant il faut ranger, balayer, ramasser. Ne pas marcher pieds nus les bouts de verre.   Un regard dans le miroir : le maquillage a coulé. Cheveux sauvages en épis de blé. Seins libres, soutien-gorge égaré. Fraîcheur disparue, évaporée.   Du vomi dans le lavabo, aussi.   Elle pense, C’est vraiment ça la fête ? C’est vraiment ça, s’amuser ?   Elle n’arrive pas à réfléchir. Cerveau noyé par les vapeurs d’alcool, noyé par la fumée.   Elle pense, Je veux partir d’ici.   Elle ne sait même pas où elle est.   Et puis, quoi faire d’abord, quoi faire en premier ? Démaquiller le visage, démêler les cheveux, nettoyer le vomi, retrouver le soutif et les autres affaires ? Prendre une douche ici, dans cet
Lire la suite
-
  Dans l’espace qui nous sépare, les dimensions s’amenuisent. Iront-elles jusqu’à disparaître ? Je ne veux plus me sentir seule ici, dans la bulle.   Seule, comme on l’est sous la pluie lorsque tout nous a abandonné, même le parapluie qui s’est cassé…   J’essaie de danser, mais il me manque tes pas pour être bien en rythme.   Et le bruit de l’orage… La foudre hurlante et menaçante me fait si peur… Qui me protégera, sinon toi ?   Je veux me réfugier au creux de ton cœur. Je sais qu’il reste de la place, alors peu à peu je me niche…   Ma bulle s’approche de la tienne, et l’une et l’autre menacent d’éclater.   Qu’arriverait-il, alors ?   Est-ce que tu me prendrais dans tes bras, comme je l’ai si souvent rêvé ? Ou est-ce que tu feras éclater le rêve aussi ?   J’ai peur, j’ai peur, mais je continue.   Le trajet de toi à moi est si long… Tout semble loin encore, et je mesure l’importance de chaque centimètre.   J’ai rêvé qu’un humain faisait le p
Lire la suite
-
  On était des gamins. Ou tout comme.   Je me souviens de la première fois. C’était sous la pluie. Tu m’as dit Embrasse-moi . J’ai dit oui.   On s’est embrassés.   A partir de là, œillades et frôlements. Regards tendres, petites caresses. Les autres nous regardaient, se questionnaient… Mais la nature de notre relation n’avait pas d’intérêt.   Nous jouions.   Un jour, ta main s’est égarée plus loin. Ton regard était plus profond. Tu m’as déshabillée, avec les yeux d’abord, avec les mains ensuite. J’ai fait de même.   Au cœur de l’orgasme, au milieu d’un cri, j’ai dit Je t’aime . Interrogateurs, tes yeux se sont ouverts, au moment même où toi aussi tu jouissais. Je n’ai pas aimé ce regard, sa possible signification.   J’ai pris une clope dans le paquet de la table de nuit. Je l’ai allumée et j’ai posé le cendrier sur mon ventre. Allongé à côté de moi, tu t’endormais, je n’ai pas voulu te déranger. Je savourais le moment, aussi. Un peu.  
Lire la suite