Elle ouvre la boîte à gants pour y trouver du réconfort, pioche une clope dans le paquet et prend le briquet posé à côté.

Elle allume la clope, savoure la première bouffée, et ouvre la fenêtre pour avoir un peu d'air, ne pas s'intoxiquer…

 

La musique l'accompagne, mélancolique.

Ne rien faire, ne pas penser, juste respirer bouffée après bouffée... Et se laisser porter par le rythme…


Il y a longtemps qu'elle ne s'était pas trouvée là, sur ce parking, à essayer de trouver des réponses.


Même si elle sait que maintenant, il n'y a plus rien à comprendre : c'est trop tard.


Quand s'est-elle aperçue de ça, le temps qui passe ?

C'est venu avec les regrets de n'avoir pas fait ce qu'il fallait ni dit ce qu'il fallait… Elle n'a pas pu le retenir, elle n'a pas su.


Et même si ça avait changé quelque chose, d'avoir su y faire, elle pense qu'elle serait arrivée de toute façon à ce carrefour de sa vie, un jour ou l’autre... Celui où on comprend qu'on est mieux seule.


Parce que, quand on passe son temps à courir après le bonheur, il y a trop de croisements qu'on a peur de rater.

C'est une course qui ne se fait pas accompagnée, c'est comme ça…


Mais justement, si elle avait arrêté de courir... Juste pour être avec lui ?


La cigarette part en fumée, la musique fait rouler quelques larmes, et son regard est flou…

Non, laisse tomber. Je ne veux pas savoir…

Nous aurions pu avoir cette grande maison que j'avais repérée, et le chien dont je rêvais...


Sauf que voilà : elle n'était pas sûre que son idée du bonheur s'arrête à avoir une maison et un chien.

Jusqu'à preuve du contraire, elle pouvait toujours trouver mieux ailleurs...


C'est ainsi que, diluée dans l'alcool des rêves, elle a préféré tout faire échouer.
Planter le rêve là plutôt que de l'essayer.

Éviter d'aller au bout pour ne pas regretter...


Mais à quoi ça sert, si elle regrette quand même ?

Bon sang, à quoi ça sert, merde ?


La pluie et la nuit tombent sur le parking où ils se sont quittés.

Elle se promet toujours de ne jamais y retourner.

Mais c'est là qu'elle revient chaque fois que quelque chose a échoué.


Et ça fait combien ? Dix années ?

Peut-être quinze, car elle a arrêté de compter…


Même si elle sait que ça ne sert à rien, même si le parking est toujours aussi vide... Parfois, elle s'imagine qu'il sera là, un sac en bandoulière, prêt à l'accompagner.

Avec un chien, peut-être. Et les clés de la maison... Celle qui aurait pu être leur maison.


La clope et la chanson sont terminées, il est temps d'essuyer les larmes et de se remettre en chemin.

Pour où, cette fois ?

Elle ne sait pas encore.

D'ici, il ne reste plus qu'un seul chemin, une seule direction qu'elle n'a pas encore empruntée.


Il y est peut-être, et peut-être qu'elle le retrouvera... Qui sait ? 

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