Quand j’étais jeune, je pensais que les adultes savaient exactement où ils allaient et ce qu’ils avaient à faire.

 

Maintenant que je suis adulte, je peux le dire, j’ai compris le secret : la plupart du temps nous n’avons pas la moindre idée de ce que nous faisons.

 

Mais c’est pire que quand nous étions enfants, parce que nous sommes censés agir comme si nous savions où nos choix nous mèneront.

 

Il n’y a pas de mystère, nous faisons tous semblant.

Tous, même ceux qui vous donnent l’impression qu’ils savent…

 

Et alors je me demande à quoi ça rime, tout ça, et pourquoi les choses sont faites ainsi.

Pourquoi on nous en demande tant ?

 

Enfant, tu gazouilles et tu gambades, tu fais tes propres expériences, et si tu tombes, ce n’est pas grave : quelqu’un t’aidera à te relever.

 

Une fois adulte, plus droit à l’erreur : si tu tombes, c’est de ta propre faute, et ils te laisseront tous dans le caniveau.

Parce que tu étais censé savoir ce que tu faisais, censé savoir où tu allais, et parce que la moindre erreur venant d’un adulte est impardonnable…

 

Ils te laisseront seul, et ils te regarderont te relever péniblement.

 Du moins attendront-ils peut-être de voir si tu y arrives, et prendront note de comment tu as fait… Puis ils passeront leur chemin, parce qu’un adulte à terre n’intéresse personne.

 

Un adulte qui dit ne pas savoir où il va, un adulte qui demande de l’aide n’intéresse personne…

 

Être adulte, ici, c’est savoir, et ne pas dire de gros mots, et se tenir droit, et continuer de faire semblant d’avoir la réponse même si on ne l’a pas.

 

Être adulte, c’est tricher avec la vie, mentir et voir si ça passe, jouer avec les autres pour être le premier.

 

Être adulte, ça ne pardonne pas. Tous les coups sont permis, même les plus durs, même les plus vicieux.

Il n’y a pas d’autre choix que se battre, rendre les coups plutôt que de les subir…