Sur  la table un vase, et dans le vase des fleurs.

Des roses roses.

D’une fleur à l’autre, le temps a passé et s’est fané.

 

Une femme assise, en larmes, regarde les tristes fleurs.

Elle est triste aussi.

 

Dans chacun de ses yeux, des flots, comme la naissance des fleuves.

Et dans ses mains, son ventre, ouvert sur ses entrailles.

Des mains qui cachent ce qu’elle ne peut plus cacher.

Poisseuses de sang et de tout ce qui lui déborde.

 

Sous son sein gauche ouvert, on peut également voir son cœur, rouge lumineux et qui pompe encore.

 

La femme réfléchit pendant que la flaque s’agrandit sous ses pieds, à la fois de sang et de larmes.

 

Ils voulaient voir ce que j’avais dans le ventre, et je leur ai montré, pense-t-elle.

Ils voulaient voir ce que j’avais  dans le cœur, et je leur ai montré.

 

Mais quand ils m’ont vue, ils n’ont fait que hurler, me battre, et me cracher dessus.

 

Qu’ai-je fait ?

 

J’étais là, j’étais nue devant eux, et bien plus que nue.

Je me suis montrée entière, je me suis débarrassée de tout.

 

Ils voulaient voir, ils voulaient montrer, et quand ils ont vu, ils ont voulu cacher.

 

Il n’est pas bon pour une femme de montrer ce qui est dans son cœur, ni ce qu’elle a dans le ventre.

Voilà pourquoi.

 

J’aurais dû rester à ma place, continuer d’arranger les fleurs et de nettoyer des tables.

J’aurais dû rester tête baissée et bouche fermée.

 

Qu’ai-je essayé de faire ?

Je jouais à l’héroïne, je faisais ma maline.

Qu’ai-je cru ?

 

Avec ses mains, la femme prend les entrailles et le cœur, et les pose sur la table, délicatement.

 

Voilà votre trophée, dit-elle, dans son dernier soupir.

 

Et la femme et les roses se flétrissent.

Et un tic-tac lointain retentit doucement.

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