Un matin de pluie, je ne sentais plus ta présence chaude et rassurante dans le lit.
Quand je me suis levée, tu n'étais nulle part, et le café était froid de la veille.
Tout était froid, à vrai dire, et il semblait que plus rien ne pourrait réchauffer le monde.
Je faisais semblant de ne pas savoir, ce matin-là comme tant d’autres, où tu pouvais bien être.
Je faisais semblant, parce que le brouillard opaque était préférable à la réalité.
Il y a des matins comme ça, et que puis-je faire d'autre ?
J'ai jeté les restes de café et j'en ai refait une cafetière pleine.
Je savais pourtant que je ne pourrais la boire toute entière à moi seule.
Mais j'ai posé deux tasses sur la table : la mienne et ta préférée.
Et je les ai remplies toutes les deux.
La chaleur du breuvage tranchait dans cette atmosphère triste, grise et poisseuse.
J'ai regardé la baie vitrée donnant sur le jardin. La pluie tombait du ciel comme les larmes de mes yeux.
Et le tonnerre battait aussi fort que mon cœur.
Mon reflet, seul et fatigué, la bouche serrée, me regardait en retour.
Puis le silence des oiseaux, et le silence de tout, comme ton silence à toi et ton absence pesante.
Il y a des jours comme ça, où rien n'arrange rien.
Et rien ne sert à rien.
Je me suis levée, j’ai pris les deux tasses.
J’ai vidé la tienne dans l’évier et je les ai rangées toutes les deux dans le lave-vaisselle.
Dans le silence de cette maison qui n'accueillerait plus ni rires ni cris, je faisais semblant de vivre encore.
Tout était brisé mais je continuais d'essayer de faire comme si.
Cependant, après la douche, souvent, le brouillard s'estompe, et la réalité revient à moi.
Tu n'es pas dans le lit parce que tu n'es plus.
Tu ne bois pas ton café, parce que tu es mort.
Et quand je sors de la douche pour revenir à la chambre, je ne peux plus m'aveugler car je ne vois que ça : les draps ne sont défaits que de mon côté, et ta table de nuit est vide de tout, sauf de ta montre arrêtée.
J'ai gardé la montre, pardonne-moi de t'avoir enterré sans.
Je sais que tu l'aimais beaucoup, mais il fallait que quelque chose reste, il le fallait absolument.
Comme son tic-tac me rappelait sans arrêt que ton tic-tac à toi s’était définitivement éteint, j’ai retiré la pile.
Et puis je l’ai réglée sur l’heure de ta mort.
Il fallait que quelque chose reste, mais en vérité il ne reste plus rien.
Et le vide de mes nuits rejoint le vide de mes jours, et le vide de mon cœur restera éternel.
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