Le voyage. On ne sait jamais vraiment ce qu’il est, jusqu’à ce qu’on arrive à destination.

On croit le savoir, mais c’est tout.

 

On croit qu’on arrivera entier, mais le chemin nous défait.

Le temps d’arriver, on n’est déjà plus la même personne.

Et puis arriver quand, arriver où ?

 

Le chemin a fait quelqu’un de nous, quelqu’un de neuf.  Et c’est cette personne-là qui arrive là où il fallait aller.

On est un autre déjà, que nous-même.

 

Le point de départ et le point d’arrivée sont séparés par cette double distance : à la fois physique et psychologique.

On fait toujours bien plus de route que nécessaire, dans notre propre tête.

 

Le trajet, pour l’esprit, dure un temps infini. Il est à lui tout seul une aventure.

 

Ensuite, tu arrives, tu poses tes valises et tu crois que les choses vont enfin changer.

Mais tu ignores que le changement a déjà commencé.

Il a débuté au moment-même où tu fermais ta porte à clé, dès les trois premiers pas pour t’éloigner de chez toi.

 

Ce chez toi, que tu désignes comme ta maison.

Le nid douillet que tu quittes à regret, sans savoir que tu ne le quittes jamais vraiment.

 

Car ta vraie maison, c’est toi-même : ton corps et ta tête, ces deux-là que tu emmènes avec toi partout où tu vas.

 

On s’attache à des lieux, on leur donne des noms, on ne veut plus les quitter.

Mais ces lieux ne représentent rien, sinon comme une forme physique de ce qu’on a déjà en soi-même.

Ils sont le confort de ce qui ne change pas et reste tel quel malgré le passage des années.

 

Alors que la tête et le corps, eux, évoluent sans arrêt, se rénovent sans cesse, toujours en travaux.

 

Tu crois aller d’un point A à un point B, et tu crois aller quelque part.

Mais le point A et le point B sont aussi dans ton esprit, et le voyage est parfois de bouger sans réellement aller nulle part.

 

C’est ça, évoluer, grandir.

C’est le voyage sans voyage, au cœur de soi-même.

C’est le voyage sans bagage, dénué de tout, mais ouvert et offert à l’expérience.