C’est une vieille carte postale qu’il m’avait envoyée, au dos de laquelle on peut encore lire :

« Ici tout est si calme. Ça me fait penser à toi. »

 

Sur la photo, le ciel se reflète sur l’eau d’un lac. Un bateau, seul, accroché au rivage. Des montagnes au loin.

 

Ce paysage était tout le contraire de ce que nous étions.

 

Quand j’ai reçu la carte et lu les mots qu’il avait écrits au dos, je n’ai pas compris.

Je n’arrêtais pas de la regarder, pour essayer de comprendre.

Quel était le message ?

Tu penses à moi, vraiment ?

Cet endroit te fait penser à moi ?

 

Nous nous étions quittés sur une dispute. Je ne voulais pas qu’il parte.

Mais les disputes, c’était notre façon d’aimer.

On ne tenait que par les réconciliations qui suivaient. Comme l’odeur de la pluie après l’orage, comme une couverture douce un soir d’hiver.

Ça ne durait jamais longtemps, mais c’était toujours bon.

 

La carte postale faisait-elle office de réconciliation ?

Allions-nous nous retrouver, à son retour, comme si aucun mal n’avait été fait ?

Car cette fois, nous nous étions fait du mal…

 

Je n’ai jamais eu la chance de savoir ce que signifiait son message.

Son avion s’est écrasé. Lui, et les trois amis avec lesquels il était parti, tous morts.

 

Et moi, nous tous, amis et famille… abandonnés.

 

Je suis restée quelques mois dans  notre appartement, sans rien toucher.

 

Et puis… Un jour, j’ai fini par me tirer du lit où je passais mon temps à pleurer.

J’ai trié ses affaire et les miennes. J’ai tout rangé dans des cartons.

 

Je suis passée chez ses parents pour déposer les affaires, boire un café, et pleurer encore, ensemble.

 

J’ai définitivement quitté l’endroit.

Je n’ai plus repensé à lui.

C’était mieux comme ça.

 

Aujourd’hui, j’ai retrouvé la carte, coincée dans un livre.

J’avais dû l’utiliser comme marque-page en attendant son retour.

 

Je me demande si l’endroit pris en photo existe encore, si c’est toujours aussi beau et paisible.

J’aurais aimé y aller, peut-être, pour mieux comprendre.

Mais j’ai trop peur que mon cœur se glace et se brise à nouveau.

 

Il ne faut pas réveiller les vieilles histoires.

 

Je suis à présent aussi paisible que l’endroit sur la photo.

Il y a un lac en moi, qui reflète tranquillement le ciel, un bateau accroché au rivage, et des montagnes au loin.

C’est le plus important.

 

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