On lui avait appris qu’il fallait danser sous la pluie.

On lui avait appris à sourire, quoi qu’il arrive.

Et si la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade…

 

Elle n’a jamais compris.

Mais elle dansait quand même, souriait quand même… Et sur l’acidité de sa vie, elle ajoutait du sucre. Toujours plus de sucre.

 

Et tout ça ne changeait rien, n’avait jamais rien changé.

Elle sentait toujours en elle, malgré tous ses efforts, comme un puits, un trou noir, qui pourrait l’aspirer.

Elle se sentait tomber, inexorablement.

 

On ne lui avait jamais parlé du puits, du trou noir, et elle ne savait pas quoi faire à ce sujet.

Devait-elle continuer d’ignorer la chose ? La cacher sous encore plus de sourires et de saveurs sucrées ?

 

Ça ne marchait pas, ça n’avait jamais marché, et il était temps, peut-être, de changer les choses.

 

Alors, elle cessa de danser et laissa la pluie tomber sur elle, goutte après goutte.

Elle cessa de sourire et laissa les larmes couler, tranquillement.

Elle mangea des citrons, se laissant piquer par leur acidité, sans essayer d’en cacher le goût ni même l’amertume.

 

Et puis, quand elle fut assez courageuse, elle plongea dans ce trou noir qui risquait de l’emporter depuis toujours.

Elle était décidée à tout voir, tout regarder bien en face, même le plus profond désespoir.

 

Il y avait dans ce puits tout ce que son sourire avait caché. De vieux souvenirs, des cauchemars, des fantômes effrayants.

Elle découvrit que sa vie n’était pas ce qu’elle pensait être.

Tout n’avait été que mensonges, cachés derrière de belles apparences.

 

Cette constatation la désespéra encore plus, et faillit définitivement la tuer.

Mais le soleil se refléta dans une de ses larmes, un petit arc-en-ciel naquit de cette rencontre, et ainsi germa l’espoir.

 

Sa vie serait désormais vérité.

Et quand elle dansera, ce ne sera pas pour cacher la pluie, mais pour lui faire honneur.

Son sourire ne sera plus jamais feint, il sera l’expression  d’un vrai bonheur.

Il n’était plus question de voiler l’acidité ou l’amertume des événements, mais de tout ressentir pleinement.

 

On lui avait appris, mais mal.

Il était temps de réapprendre.

Il n’est jamais trop tard.

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