Alors elle y est retournée.

 

Elle a pris les dix-sept et les a déposés, à l’endroit où tout avait explosé.

 

Elle a marché autour, elle a cherché les autres morceaux éparpillés…

 

Ils étaient tous un peu bombés.

Quand elle a tout assemblé, ça faisait comme une boule de cristal gelé.

 

Il y avait toujours son visage, son reflet, sur les dix-sept qui l’avaient blessée.

 

Mais il y avait les autres aussi. Les autres visages, les autres reflets…

 

Et la bombe était recomposée.

Et ses souvenirs n’étaient plus oubliés.

 

Assise devant l’œuvre, le visage plein d’ombres et les yeux remplis de larmes, elle ne savait plus que penser.

 

Ce qui est fait est fait.

Ce qui est fait ne peut être défait.

 

Elle a cassé la boule avec ses poings gelés, émiettant chaque morceau pour tout éparpiller.

 

A-t-elle regretté d’y être retournée ?

Peut-être.

Mais il fallait savoir, alors…

Il fallait refaire le trajet et tout recomposer.

Il n’y avait vraiment rien à regretter.

 

Quand tout fut terminé, il ne restait plus rien.

Que ses larmes à pleurer et ses tout petits poings, serrés au fond des poches.

 

Quand tout fut terminé, elle prit la seule bonne décision qui restait : partir, s’éloigner, le plus loin possible.

Le plus loin qu’elle pouvait.

 

Elle a regardé le soleil qui se couchait, et elle a pris la direction opposée.

C’était une décision bizarre, mais pas plus que toutes celles qu’elle avait prises depuis toujours.

Et puis, il fallait bien quelque chose pour commencer.

 

Elle marcherait vers la nuit et, au petit matin, verrait le soleil se lever, comme une récompense.

 

 

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