La maison prenait la poussière.

Elle essayait d'y entrer, mais elle n'avait pas la clé.

 

Elle collait son visage sur les fenêtres, les mains en visière, pour regarder à l'intérieur.

Tout était en place, tout était là.

 

Mais l'endroit prenait des rides, vieillissait, de manière immuable.

 

Si elle trouvait la clé, elle pourrait... Au moins aérer un peu, dépoussiérer, faire vivre l'endroit.

 

Mais rien.

La porte restait fermée, alors qu'elle n'avait pas de serrure.

 

Et elle continuerait de chercher ce qui l'ouvre, jusqu'à ce qu'elle soit trop vieille pour y venir, peut-être...

 

Elle pensait qu'elle continuerait d'y venir même après sa mort.

Fantôme déambulant dans le jardin, tentant de passer entre les murs d'une maison qui lui refusera toujours l'accès...

 

Et pourquoi ?

Pourquoi était-elle tenue à l'écart de la sorte ?

 

Elle avait tout essayé.

Ou plutôt, les choses s’étaient imposées à elle, au fur et à mesure...

 

Elle avait essayé la colère : frapper à gros poings contre la porte.

Bien sûr, ça n’avait pas marché.

 

Elle avait essayé la tristesse : pleurer à chaudes larmes contre le bois... Toujours rien.

 

Et puis l'acceptation, la compréhension... Mais rien non plus.

Puis finalement la tendresse, à caresser la porte doucement... Toujours pas.

 

Il restait une chose encore, mais elle n'y arrivait pas.

C'était l'amour nu et désintéressé.

 

Bien sûr que c'était ça la clé…

 

Et tant qu'elle n'arrivait pas à ouvrir son propre cœur, la maison ne la laisserait pas entrer.

 

Elle essayait pourtant.

Mais son amour n'arrivait jamais à être totalement désintéressé.

 

Il allait falloir se rendre à l'évidence : elle resterait à l'extérieur tant qu'elle aurait en tête tous les possibles trésors que la maison recelait…

 

Elle ne savait pas, ne s'imaginait pas que, la raison pour laquelle il n'y avait aucune serrure, était bien sûr parce qu'il n'y avait aucun trésor.

 

Ou du moins, aucune richesse monnayable...

 

Ainsi, l'endroit prendrait la poussière et continuerait de vieillir jusqu'à ce que quelqu'un parvienne à l'ouvrir.

 

Il ne fallait rien imaginer, rien désirer sur ce qu'elle pouvait contenir, il fallait simplement l'aimer juste comme elle était et pour ce qu'elle était.

 

C'était ça le seul trésor… Et le trésor était la clé.

 

 

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