Ne me laisse pas m’envoler.

(Ne me laisse PAS m’envoler)

Vraiment. Vraiment pas.

 

J’ai peur de ce que je pourrais devenir si je m’en vais.

J’ai peur. Du monde d’abord, et puis de moi.

 

Peut-être que je suis trop sauvage, peut-être que je ferai n’importe quoi.

Peut-être que je suis pas faite pour ça.

 

Ne me laisse pas m’envoler…

Je ne saurais pas par où commencer.

Je ne sais même pas comment on fait !

 

Ne me laisse pas. S’il te plaît. Retiens-moi.

Dis un truc, n’importe quoi, dis quelque chose pour me faire rester.

 

Ici, je sais quoi faire et comment être.

Ici, je suis moi.

 

Mais si je pars, je deviendrai quoi ?

J’ai peur de devenir ce que je suis pas, peur d’être quelqu’un d’autre. Je sais pas.

Qui on est quand on sort de chez soi ?

Est-ce qu’on reste soi-même, est-ce qu’on change complètement ?

 

Je veux pas me changer pour plaire aux autres. Je saurai pas faire.

 

Je veux rester qui je suis.

Et ici, au moins, je sais.

Ici, je suis ni trop grande, ni trop petite. Je suis parfaite et je prends la bonne place.

 

Mais là dehors, ils diront quoi ?

Est-ce que je sentirai leurs regards sur moi ? Est-ce que j’entendrai leurs pensées, leurs paroles ?

Est-ce qu’ils me trouveront parfaite, différente, ou trop ceci et pas assez cela ?

 

Je veux pas savoir ce que ça fait de partir, de changer, d’essayer ou de grandir.

Je veux rester toute petite, moi.

Je veux rester là, juste là, avec mes ailes repliées sur moi. Elles me protègent.

 

Ici, il n’y a aucun danger.

Et je veux pas savoir, pas connaître, pas découvrir qui je pourrais être, ou ce que je pourrais devenir.

 

Alors, s’il te plaît, ne me laisse pas m’envoler.

Ne me laisse même pas essayer.

 

 

C’est trop tard. Tant pis. Tu m’as laissée faire…

J’ai déployé mes ailes et je suis partie.

J’étais toute petite, et j’ai grandi…

 

J’ai toujours pas envie, toujours peur, ça change pas, ça.

Ça changera jamais…

 

Mais je crois que j’aime bien. M’envoler, prendre toute la place, et plus encore.

Regarder les autres qui m’observent, me trouvant différente, trop ceci et pas assez cela… ça, je te l’avais dit, j’en étais sûre, que ça se passerait comme ça !

 

Mais je m’en fous. En fait, je m’en fous.

Et puis quand j’en ai marre, je reviens ici, pour me replier, me recroqueviller, me protéger.

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